Expats à la dérive… en temps de Covid

Nicolas Mirguet
3 min readOct 28, 2020

Le 26 mai dernier, nous quittions l’Inde, sans billet de retour, pour la première fois depuis 8 ans.

Pourtant, vous dire que nous avons “tout quitté” serait vouloir jouer au mélo. Premièrement parce qu’on pense toujours repartir… un jour. Ensuite parce qu’au moment de notre départ, nous partions vers le déconfinement français et la période estivale. Au contraire, nous fuyions une Inde qui se préparait à la mousson et au pic de Covid. C’était donc une solution de confort voire de plaisir. D’ailleurs, arrivés en France, nous avons été accueillis de manière idéale. Soleil, assouplissement des restrictions et familles soulagées. L’été idéal pouvait finalement avoir lieu. Et il a eu lieu. Nous avons eu l’impression de vivre un rêve avec cet été sans fin passé sur la côte Atlantique, principalement à Lacanau, au rythme des visites d’amis-famille, des ballades en vélo, de la plage et tout de même… du télétravail.

Puis la rentrée est arrivée. Passé le petit pincement au coeur de sentir que cette rentrée nous engageait vers une installation dans un nouveau quotidien, nous avons accueilli toutes ces nouveautés avec plaisir. Plaisir de se sentir quelque part “expat” dans son propre pays. Plaisir de découvrir la simplicité et qualité de l’école publique française. Plaisir devant la liste sans fin d’activités extra-scolaires disponibles pour notre fils (de 4 ans seulement) et nous-mêmes. Plaisir de dialoguer sur le sujet principal des discussions de parents d’élèves à Lacanau-Océan :… les prévisions surf ! Plaisir de faire de nouvelles rencontres et tenter de se faire de nouveaux amis. Plaisir d’admirer la mer tous les jours. Plaisir des promenades à vélo ou à pieds. Plaisir de la cueillette au gré des saisons (mûres, arbouses, champignons…).

Ce nouveau quotidien s’avérait exotique, dépaysant par rapport à celui que nous connaissions finalement depuis 8 ans en Inde. Donc nous nous sommes laissés aller en essayant de repousser les vraies questions à plus tard.

“Expats à la dérive” comme nous l’a dit une amie. Et se laisser dériver a parfois du bon… c’est doux.

Vue de Lacanau Sud, seuls.
Ca c’est nous “à la dérive” !

Et pourtant, ces questions difficiles n’étaient jamais loin : quand allions nous repartir ? allions nous repartir ? que faire ? passer l’année scolaire ici et décider plus tard ?

Nous changons d’avis au gré des nouvelles et de la météo. Mais tant que les écoles en Inde ne ré-ouvrent pas, nous restons en France. A moins qu’elles ne ferment aussi en France…

Reste un sentiment qui est né le jour de notre départ et qui est toujours là. Le sentiment que quelque chose a bougé, s’est cassé et que l’on ne pourra plus retrouver notre “monde d’avant”. Même si c’était possible demain, en aurions-nous envie ? Cette expérience nous change et nous fait réfléchir d’autant plus sérieusement sur le mode de vie que nous souhaitons désormais ainsi que sur celui qui est possible et souhaitable avec ce nouveau monde… et celui à venir. Car les failles de notre mode de vie précédent nous étaient déjà apparues. Comment rester “expat” dans un monde qui ne peut plus le supporter ?

Et voulons-nous tourner la page de l’Inde alors que nous y restons profondément attachés ?

Pas sûr que nous ayons le choix…

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Nicolas Mirguet

French Entrepreneur @_Titri_ Bangalore - Motorcycle traveler @JoNiOnTheRoad - India enthusiast @Naancheese